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09/02/2021

Vanda Spengler : sidérations

Née en Suisse, Vanda Spengler a eu comme grand-mère l’éditrice et romancière Régine Deforges. Si bien que très tôt elle a acquis le goût de la transgression et de la liberté. Ignorant les tabous, elle a choisi – à l’inverse de son père sulfureux éditeur – l’image et son soufre comme expression. Elle capte les corps et sa « viande » (Artaud)  dans ce qu’ils ont de plus brut, primitif et déséquilibré.
Elle joue dans des séries comme « Carcasse » ou « Mater Dolorosa » avec la nudité mais sans jamais s’en moquer, bien au contraire. Elle « l’utilise » sans le réduire à un objet de fantasmes. Vanda2.jpg
Vanda Spengler crée divers cérémoniaux (par fois inquiétants) en instruisant des liens entre l’imaginaire et le réel de manière sidérante. Entre grâce et violence elle monte la scénarisation d’une singularité qui mixte l’épouvantable et la drôlerie.
Vanda3.jpgCelle qui vénère son lit, déteste le matin (« ce qui est bien dommage vu la qualité de la lumière matinale » ajoute-t-elle) et voulait devenir réalisatrice de films et faire rire les gens explore bien des champs des possibles. Proche des univers de Lars Von Trier et de ses premiers amours – Emil Cioran et Charles Bukowski, elle fait preuve d’un certain courage qui peut se cacher sous le kitsch et le ludique. Dans sa dernière exposition, le corps – impasse du tout – se déplace sous sa voûte, à la croisée des ogives. C’est lui que les pénitents enferment et cachent en sacrifiant à l’inconscient ce qu’il entend afin d’éviter de le soumettre à la tentation du plaisir sauf bien sûr celui de la souffrance. Mais Vanda Spengler l’artiste illustre au plus haut point ce que cela cache.
Jean-Paul Gavard-Perret

Vanda Spengler, « Etre deux », avec Artefact M, Galerie Chardon, Paris, janvier 2021

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